« Chéri je vais chez Crystal. Ne m'attends pas ce soir ! »Et demain soir non plus. C'était la même chanson chaque soir de la semaine. Des, fois je me demandais comment James ne pouvait pas se rendre compte de mes petits manèges. Mais tant que ça fonctionnait, je n'avais pas à me plaindre après tout ! Et puis, il disait rien certainement parce qu'il avait quelque chose à cacher de son côté également ! Nous étions marié depuis 7 ans maintenant, et mis à part dans les premières années de notre vie de couple, nous n'avions jamais vraiment été amoureux l'un de l'autre. Je savais qu'il allait voir ailleurs pendant que j'étai sur scène, mais peu m'importait.. Je déposai un léger baiser sur ses lèvres déjà imprégnées de bière tandis qu'il regardait la télévision. J'enfilai mon manteau et sorti alors de la maison. Il était tard, mais il ne faisait pas encore nuit. Les désavantages des soirées d'été. Cela m’obligeait à me cacher encore plus. Je positionnais donc ma capuche sur ma tête, faisant de l'ombre sur mon visage et d'un pas pressé, j'avançai dans la rue.

Le cabaret était en centre ville, donc à quelques 15 minutes à pieds de la maison. Je prenais les chemins les moins fréquentés histoire de ne pas me faire repérer. Une fois arrivée, j'aperçu mon metteur en scène sur une chaise en face de la scène. Il leva le bras et me montra sa montre d'un air énervé. Je m'activai alors et rejoins les coulisses. La plupart des filles étaient déjà prêtes. Je me dépêchai donc et enfilai la robe qui faisait de moi la pièce maîtresse du spectacle de ce soir. J'étais une des plus anciennes danseuses de ce cabaret et les gens me connaissaient tous. Les habitués du moins. Mais ceci voulait également dire que je devais faire l'ouverture et la fermeture de chaque spectacle. Pour ce soir, j'avais monté un numéro à la demande de Roberto, le metteur en scène. C'était la première fois qu'il le voyait et nous devions donc faire au mieux pour qu'il soit validé et que nous puissions l'effectuer dans le spectacle du lendemain. Une fois apprêtée, je regroupai mes danseuses en un cercle. « Allé les filles ! Faites-moi honneur ce soir. On va le déchirer ce numéro et en mettre plein la vue à Roberto ! » On entendis alors la voix énervée et impatiente de Roberto venir de la salle. Nous nous installons donc derrière le rideau et je fis signe à Kaiden, le responsable de son de lancer la musique.

A peine une minute après le levé de rideau et nos premiers acrobaties, Roberto fit signe à Kaiden de stopper la musique. Il se lève alors de sa chaise et s'approche de la scène. « Maria c'est quoi ça ? » Maria est mon nom de scène. Personne ne me connaît sous le nom de Nina ici. Je suis Maria, la blonde aux yeux bleus. Je regarde donc Roberto dans les yeux, haussant les épaules. Je ne comprend pas vraiment ce qu'il veut dire. Est-ce qu'il va finir par sourire et me dire que c'est absolument génial et qu'il a hâte de le faire en live. Ou est-ce qu'il va me dire que c'est de la pure merde et que je peux retourner travailler sur le numéro ? « T'as pas mieux à me proposer ? Parce que le peu que j'ai vu, c'est nul à chier. » Etonnée, je ne réponds pas. J'y ai passé du temps sur ce numéro. Et je sais que les filles sont au point. Certes, les costumes sont pas complètement prêts, mais on a bosser dur et le résultat me paraissait très bien. Je regarde alors les filles, elles sont aussi étonnées que moi. Pendant ce temps, Roberto est monté sur la scène, il critique mes danseuses, ou plutôt ses danseuses, une par une. Pour finalement s'arrêter devant moi. « On ne fait pas dans le pornographique che moi Maria. Tu peux renfiler tes collants et ta tignasse blonde tant que tu ne m'aura pas pondu un truc potable. J'ai été bien gentil de t'offrir cette opportunité. Et voilà ce que tu m'en fais... Et tu as intérêt à me faire un numéro digne de ce nom, sinon tu sais ce qu'il va t'arriver. »

Abasourdie, je le vois nous tourner le dos et descendre de la scène, se dirigeant déjà vers la sortie. Je m'avance alors, furieuse. « Ecoute-moi Roberto. J'ai bossé comme une malade sur ce numéro, tout comme les filles. Alors si ça ça ne te va pas, tu va devoir te passer de moi ! » C'est une menace. Même si je sais très bien que je ne tiendrai jamais cette promesse, il faut que je le fasse réagir. « Tu sais que je suis la pièce maîtresse de ce cabaret. Les gens ne peuvent pas se passer de moi, et toi non plus.» Je le vois s'arrêter. Fière de moi, je pose les mains sur mes hanches, le menton relevé. Et se retourne et nous rejoins alors. « Bon, je te propose un compromis. Tu me changes une ou deux choses dans ce numéro, et on s'arrange pour que ça fonctionne. » La même attitude que la mienne venant d'une autre des ses danseuses n'aurait pas eu la même répercussion. J'ai une nouvelle fois la preuve que je suis importante pour son cabaret, et qu'il ne me lâchera pas de si tôt. Je l'ai quand même touché dans sa fierté et il faudra un petit moment avant qu'il me pardonne complètement. Nous reprenons alors les répétitions