« Tout cela n'a donc aucune importance à tes yeux ? » la jeune fille regarde son petit ami, sans trouver quoi lui répondre. Que pouvait-elle lui dire, de toute manière ? Elle avait dix-huit ans et toute la vie devant elle. La jeune femme était promit à un très bel avenir, sa mère l'appuyant, la soutenant et la guidant. Elle avait été acceptée dans une Université, promise à un avenir certain. Joss la regarda fixement, mâchoires serrées, regard froid... Depuis qu'ils se connaissaient, elle ne l'avait jamais vue porter un regard aussi froid et distant sur sa personne et elle en eut un frisson. Se mordillant la lèvre inférieur, elle détourna le regard pour fixer un instant son attention sur un point imaginaire, avant de reporter son attention sur le jeune homme en face d'elle. Après tout, même si s'était elle qui était en cause, elle n'avait pas à baisser le regard, ni à détourner les yeux des siens. « Bien sûre que si Joss, mais... » il ne lui laissa pas le temps de répondre. Se relevant d'un bond, il fit les cent pas dans le salon familiale des Spencer. « Mais quoi ? Tu n'es qu'une femme, Jill ! Tu crois que tu vas réussir à te faire une place ? A subvenir à tes propres besoins ? Tu auras un jour besoin de moi et ce jour-là, ne revient pas ! » sur cette belle parole, il la gratifia d'un regard mauvais, avant de quitter la demeure en claquant la porte. Quelques instants plus tard arrivait Poppy, la cousine de Jill. Les deux jeunes femmes n'avaient que quelques mois de différences et malgré leur âge rapproché, le même milieu de vie, elles n'avaient pas grand chose en commun et leur aspiration pour le futur était radicalement opposé ! Cependant, l'une comme l'autre respectait les choix de l'autre, sans rien dire. Le silence s'installa quelques secondes, avant que la jeune Spencer ne soupire bruyamment, sous le rire cristallin de sa cousine. « Pauvre garçon... Tu l'auras fait tourner en rond pendant un bon moment ! » léger sourire en coins, Poppy fit un signe contrit de la tête, avant de porter un regard tendre sur sa cousine. Celle-ci haussa les épaules et recommença à se mordiller la lèvre inférieur. « Je sais que tu n'es pas d'accord avec mes choix Poppy, mais... » « Je ne crois rien du tout Jill. Tu fais ta vie, je fais la mienne. Je respecte tes choix et tu fais de même de ton côté... Même si je ne suis pas d'accord avec les propos qu'il t'a tenu, je m'inquiète aussi, à l'idée que tu ne puisses subvenir seule à tes besoins. » toutes deux savaient que, durant les années Universitaires de Jill, ses parents seraient là pour subvenir aux besoins qu'elle aurait. Le pacte qu'elle avait fait avec son paternel étant que, si elle n'épousait pas Joss, elle se débrouillerait pour se trouver un emploi stable et réussirait à s'occuper d'elle-même. Elle avait directement acceptée, trouvant le deal honnête et logique. De même, elle savait que sa mère serait là, en cas de coup dur ou d'un petit besoin. Cependant, Poppy qui était elle aussi fille unique, avait toujours vue en Jill une sœur que la nature ne lui avait jamais donnée. Et la jeune Spencer voyait les choses de la même façon qu'elle, d'où le fait que les inquiétudes de sa cousine ne l'étonne guère. « Ne t'inquiètes pas pour moi Poppy... » elle posa une main sur celle de la jeune femme et reprit, d'un ton plus entrain « tu dois déjà t'occuper de ton propre mariage, si je ne me trompe pas ? » et dans un sourire éclatant, Poppy commença à parler des préparatifs pour son mariage, qui approchait à grand pas ! Soulagée d'avoir détournée la conversation de sa petite personne, Jill se laissa aller dans le canapé, répondant pas des hochements de tête et des sourires opportuns à ce que sa cousine lui disait, l'esprit déjà ailleurs.




Elle était sur la bonne voie ! Jill Spencer le senti dès que la vieille dame lui ouvrit la porte de sa demeure. Sourire aux lèvres, un panier de muffins dans une main, l'autre tendue vers la dame, Jill commença sa petite comédie. Souvent, Poppy et sa mère lui disaient qu'elle aurait dû se reconvertir en comédienne, qu'elle avait loupée sa vocation... Sauf que, son métier de journaliste, s'était tout ce qui l'animait dans la vie. Peu de gens savent vraiment pour quoi ils sont fait, mais la jeune Spencer, elle, l'avait directement sut ! Dès ses douze ans, elle avait commencée à écrire et savait qu'elle finirait soit dans le journalisme, soit dans l'édition. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la plume de Jill ne passait pas inaperçue ; elle amusait, intriguait ou irritait, mais ne laissait jamais personne de marbre ! Et lorsqu'elle s'attaquait à un gros bonnet et qu'elle commençait à sentir l'étau se resserrer sur elle, la jeune journaliste sortait sa carte ultime : les dossiers qu'elle avait à l'ombre, sur chaque personne qui pourrait lui causer préjudice. Avec bon nombre de connaissances, de sources, Jill Spencer avait réussi à se faire un bon petit réseau pour protéger ses arrières. La vieille dame devant elle eu un mouvement de recul, devant la jolie blonde qui faisait irruption sans prévenir chez elle. Gardant la porte entrebâillée, elle la détailla de la tête aux pieds et la jeune Spencer sut que ce n'était pas gagné d'avance ! « Je m'appelle Jill, Jill Spencer. Vous êtes bien Violette Barnes, n'est-ce pas ? » elle laissa retomber la main qu'elle lui tendait et poussa le panier de muffins vers elle, poussant un peu plus la porte vers l'entrée du corridor. Faisant un pas en avant, sans que la dénommée Violette ne s'en rende compte, Jill continua son monologue, toujours avec son sourire scotché aux lèvres : « J'ai entendue votre histoire, Madame Barnes. Je dois dire que j'ai été terriblement peinée pour vous ! Et très choquée aussi... Comment allez-vous ? Vous semblez reprendre des forces, à première vue ? » et voilà, elle avait un pied dans la maison de la vieille dame ! Celle-ci la regarda interloquée, mais fit un pas en arrière, laissant libre accès à Jill, qui en profita. Lui mettant les muffins dans les bras, elle commença à arpenter le hall d'entrée, jetant l'air de rien, un coup d'œil par-ci par-là sur les photos de famille. « Votre fils est ici ? Ce n'est pas prudent de laisser une dame dans votre état seul. Vous savez où il est ? » Violette Barnes trottina vers Jill, les sourcils froncés, mais les muffins dans les bras. Elle lui fit signe de la suivre dans la cuisine et la jeune Spencer ne se le fit pas dire deux fois ! « Mon fils est parti au travail, Mademoiselle Spencer. Vous savez, c'est lui qui subvient aux besoins de la famille... Sans lui, je serais sans toit ! » elle posa le petit panier sur la table de la cuisine, alors que la journaliste flânait dans la pièce. Elle remarqua plusieurs traces de saleté, une odeur désagréable d'urine de chat flottant dans l'air. Fronçant le nez, elle se contenta de porter son regard sur la vieille dame, continuant de lui sourire de ses dents parfaitement alignées. « Je comprends, votre fils semble être... un gentil garçon ! » « Oh oui ! Mon petit Franck est le garçon le plus gentil, vous savez. Je ne comprends pas comment il n'est pas encore marié... Vous savez, je ne me fais plus toute jeune ! Il faudra bien qu'une femme prenne soins de lui, quand je ne serais plus là pour lui... » Jill eu dû mal à garder son sourire, mais préféra ne pas attirer l'attention de la vieille, qui semblait bien plus observatrice qu'elle ne le laissait paraître. Après un léger hochement de tête, Jill s'approcha d'elle, demandant où se trouvait les petits coins. Quand Violette Barnes se fit avoir par cette magouille aussi vieille que le monde, il ne resta plus qu'à la jeune Spencer à se 'tromper' de pièce.

Deux heures plus tard, elle sortait de chez les Barnes, quelques photos 'empruntées' dans son sac. En arrivant dans les locaux du journal pour lequel elle travaillait depuis deux ans maintenant, elle frappa à la porte de son patron et, sans attendre de réponse, entra toute sourire.
« On ne t'a jamais apprit à attendre, avant d'entrer ? » faisant mine de rien, Jill ne se départi pas de son sourire et prit place en face du bureau. « Vous allez bientôt m’idolâtrer patron... Si ce n'est déjà le cas ! » son patron se contenta de la fixer, attendant la suite des nouvelles. Pas touchée pour un sous par ce manque d'enthousiasme, Jill sorti quelques photos de son sac et les poussa vers son boss, attendant sa réaction. Quelques secondes plus tard, elle vit ses yeux s'agrandir, sa bouche s'ouvrir avant de se refermer sans mot dire. Il se laissa aller dans le fond de son siège, porta ses mains sous son menton et garda quelques minutes le silence. « Comment as-tu eu ça, bordel ?! » soupirant, Jill haussa les épaules, laissant son sourire disparaître un peu : « J'ai mes sources patron et puis, je peux être très bonne comédienne quand il le faut... » sourire en coin, elle attendit. Quelques minutes plus tard, il se remit dans sa position initiale, regarda de nouveaux les photos et ne put retenir un petit sourire en coin. Levant les yeux vers elle, il dut admettre qu'il avait tiré là une perle rare « Spencer, vous venez de faire le boulot des flics ! » et le pire, c'est qu'elle n'avait fait que doubler les flics de la ville ! Après tout, comme elle le disait parfois, elle avait ses sources... et certaines de ses sources ne connaissaient pas le double jeux de la jeune journaliste !