big news.

La journée avait été longue. Particulièrement longue et aussi particulièrement stressante. Rien n'allait, tout allait de travers et si j'avais pu je me serrais arracher les cheveux avec des dossiers dont je savais que je ne pourrais pas finir. Je regardais les heures passées et je me disais que je ne serai jamais à l'heure pour le diner. Je décrochais donc le combiné et demanda à ce que l'on me passe ma rue et en particulier ma maison. Il fallut deux minutes pour que je sois en contact avec l'employée de maison et je le signalais de prévenir Eleanor que je ne rentrerai pas à l'heure et qu'il fallait mieux faire diner les enfants avant que je rentre pour pouvoir les coucher tôt. En raccrochant je pris mon crayon dans les mains pour recommencer à travailler. J'avais une tasse de café posée sur mon bureau et je la buvais pratiquement tous les quart d'heure. J'avais passé une nuit assez courte et je sentais la fatigue qui me guettait. Mon manque de sommeil était aussi dû au fait que je n'arrivais plus à dormir sur mes deux oreilles. Je ne pensais que à mon ainé qui devait être dans les parages. Je me demandais ce qu'il avait prévu dans sa petite tête et à force cela me provoquait des insomnies. La solution aurait été de déménager mais je ne pouvais en aucun cas quitter ce poste, j'avais tellement sué pour l'obtenir. Il était quinze heures et je me disais que dernier carat je rentrerai à dix-neuf heures. Je devais au moins avancer mon travail. D'habitude ma secrétaire m'aidait et j'avais deux fois moins de travail mais depuis quelques temps elle faisait pile ses horaires et je devais me débrouiller pour le reste. Aujourd'hui il ne valait mieux pas me demander une augmentation ou autre car à la place de promouvoir je pouvais tout aussi bien virer la personne. D'un coup de crayon, je rayais tout ce qui me convenait pas. Des fois je me demandais pourquoi je faisais ce travail.

J'entendis de moins en moins de monde aux alentours de mon bureau et en relevant la tête je vis qu'il n'était pas loin de dix-neuf heures. Je mis les dossiers restant dans un tiroir de mon bureau que je fermais à clé. C'était des dossiers délicats dont personne ne devait avoir conscience. Je me levais et enfila mon manteau avant de prendre les clés de ma voiture qui était sur mon bureau. Je traversais les bureaux en éteignant bien derrière moi, j'étais un des derniers à sortir de l'établissement. Il faisait encore chaud. A peine avais-je descendu les quelques marches en pierre qu'une demoiselle vint m'accoster en s'excusant. Je m'arrêta à sa hauteur, croisant son regard, en me demandant ce qu'une personne comme elle me voulait à cette heure-ci. Je n'avais pas de temps à perdre, je devais rentrer donc j'attendis qu'elle me demandait sa requête mais au lieu de cela elle balbutiait, j'avais juste son nom. « Que puis-je faire pour vous Billie ? » Déclarais-je en arquant un sourcil. Je commençais à marcher en direction de ma voiture qui était sur le parking. « Si vous avez un problème, vous savez que c'est plutôt au commissariat qui faut vous adresser. » Je ne la regardais même pas, je pensais juste à rentrer chez moi après cette longue journée. «Je vous prierai de faire assez vite, voyez-vous on m'attend. »

FICHE ET CODES PAR RIVENDELL

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J'avais deux personnalités, et non je n'étais pas fou. En public je voulais paraître agréable, souriant et quelqu'un digne de confiance. En privé j'étais froid et distant, méfiant par moment. Alors quand la demoiselle m'accosta j'avais eu un geste de recul. Je n'avais pas l'habitude que l'on me parle aussi directement et j'étais quelque peu déboussolé. J'avais pris la direction de mon véhicule en lui demandant de faire assez vite car j'étais pressé. Je m'attendais à une de ces jeunes filles qui allaient dire qu'elles étaient en minorité dans la société, qu'il fallait qu'on les prenne plus au sérieux. Cela me faisait penser à ma secrétaire... Au lieu de cela j'avais affaire à une jeune fille avec un caractère assez coriace... Je m'arrêta et me retourna vers elle quand elle me disait qu'elle n'avait pas un problème. Cela était dit sur un ton peu chaleureux et je compris rapidement que j'avais à faire à une femme qui ne se laissait pas faire. En gros, le genre de femmes que je n'appréciais pas réellement. Je me mis devant elle et croisa les bras en attendant sa demande. Je me demandais si elle savait à qui elle avait à faire pour me parler ainsi, mais je ne lui demandais même pas. Elle me pria de regarder une photographie. Je la pris pour en finir plus rapidement avec cette folle passagère. En l'observant je distinguais les traits de mon père et je sentis mes muscles se contracter. Le con. Je n'arrivais pas à croire qu'il nous faisait la morale, que soit disant il partait pour le travail et qu'en fait il passait du bon temps sur une île pendant que ma mère peinait à nous nourrir. Elle me demanda si c'était mon père, qu'est ce que ça pouvait lui faire ? C'est alors qu'elle déclara que c'était aussi le sien. D'accord... J'avais vraiment une envie de meurtre. J'étais de mauvaise humeur, j'avais passé une journée peu agréable et voilà que j'apprenais que mon père, MON père était allé fricoté sur une île et avait eu une fille. J'avalais difficilement ma salive, mais à cet instant précis, j'aurai bien hurlé en le traitant de tout les noms d'oiseaux. Or, j'avais une certaine réputation à tenir, ainsi, je respirais longuement en essayant de faire évacuer la colère.

Je n'avais pas encore dit un mot, j'étais fixé sur la photographie en noir et blanc. Elle me demanda de donner cette photographie à mon père, ou plutôt, notre père, du moins s'il était encore vivant. « Je suis désolé, je ne vous serai d'aucune utilité. » Déclarais-je en tendant la pauvre petite photo. Sans doute allait-elle croire qu'elle avait fait erreur, mais je pris rapidement la parole. « En effet c'est mon père, ou plutôt c'était. Je ne le considère plus comme tel. Il m'a renié, il ne fait plus partie de ma vie. » Je repris la direction de ma voiture en marchant lentement. J'en avais trop sur la conscience pour partir ainsi et faire comme si rien ne s'était passé. « Cela fait quatorze ans que je ne le vois plus. Je ne sais même pas s'il est toujours en vie. Je n'ai ni de nouvelles de lui ou de ma mère. » Ou encore de mon frère, mais ça, je ne voulais pas qu'elle le sache. Non, elle devait pas savoir elle non plus ce qui était advenu de l'aîné de la famille et sans doute qu'elle ne savait même pas son existence. « Si vous voulez mon avis, vous ne manquez rien de sa non-présence. Il n'a jamais voulu voir ses petits-enfants, donc sans vouloir vous provoquer une quelconque peine, je pense que votre présence ne lui fera ni chaud ni froid. » J'espérais qu'elle ne le prendrait pas comme une attaque personnelle mais j'avais vécu vingt-et-un ans auprès de ce père, et je pouvais le dire : plus rien ne l'atteignait au niveau émotionnel. Il était comme une statue vivante. Je me retournais une nouvelle fois pour la regarder. « Néanmoins si vous voulez son adresse, je vous la donnerai, même si je ne sais pas s'il habite toujours ici. »

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